Sur le plan religieux, il n’était pas enclin à suivre les prescriptions familiales qui l’incitaient à s’affilier à la Franc-maçonnerie. Il entama très jeune, une quête intérieure très précoce.
La lecture de René Guénon le conduisit à s’intéresser à l’Islam et à la voie spirituelle du soufisme. Dans le cadre de ses recherches, il rencontra Michel Vâlsan, un maître soufi qui jouait un rôle important, à cette époque, dans la présentation du soufisme en France, notamment à travers des traductions d’Ibn Arabi. Ce maître d’origine roumaine, appelé Cheikh Mustapha par les fidèles, était installé à Paris où il assuma durant un temps, le poste de rédacteur en chef de la revue « Etudes traditionnelles », inspirée de l’œuvre de René Guénon.
Maurice Gloton restera grandement attaché à son maître jusqu’à la mort de celui-ci en 1974, et ne prit aucun maître après lui, si ce n’est à travers les écrits.
Parallèlement à une vie active, notamment en tant qu’expert-comptable après des études supérieures en gestion d’entreprises, Maurice Gloton entreprit de nombreux voyages dans le monde musulman, et approfondit ses connaissances de la langue arabe, jusqu’à en devenir un fin spécialiste. Il consacra sa vie à des traductions d’œuvres de théologiens et de grandes figures du soufisme.
Sa plus grande œuvre est certainement « Une approche du Coran par la grammaire et le lexique », publiée en 2002. Cet ouvrage de 872 pages, d’un abord sans doute difficile pour le néophyte, permet de se plonger « au niveau le plus primitif du texte coranique, dans le degré linguistique. (...) où surgissent alors des sens nouveaux, insoupçonnés parfois, dans une singulière fraicheur ».
Son « Essai de traduction du Coran » en français, parut en 2014 aux éditions Al-Bouraq. Là encore, il s’agissait d’un ouvrage réalisé après plusieurs années de travail, dans lequel Maurice Gloton avait voulu rester « proche de l’étymologie des termes coraniques et du style de la révélation du Livre sacré, par Dieu au Prophète Muhammad, en employant un vocabulaire évocateur et en respectant les phrases verbales et nominales telles qu’elles se présentent dans le Texte », afin d’apporter un éclairage nouveau sur le Texte coranique.
C’est sans doute dans le domaine de la lexicologie, que se situe le plus grand apport de Maurice Gloton en tant que traducteur. Soulignons également son style et son français irréprochables. Ses écrits, très inspirés d’Ibn Arabi, donnent une grande importance à l’étymologie des termes et à l’étendue de leurs champs lexicaux.
Ses ouvrages traitant directement de lexicologie, ont reçu un accueil favorable. « Le livre des Définitions » de Jurjânî, est devenu depuis bien longtemps, une référence incontournable des chercheurs, notamment dans le domaine du soufisme.
Son ouvrage « Approche du Coran par la grammaire et le lexique », bien que très volumineux, a trouvé de son côté, un immense écho auprès des étudiants d’arabe motivés par la lecture et la compréhension du Coran.
Son intérêt pour le lexique transparaît également dans ses différents ouvrages sur les Noms Divins, où il s’agit, là encore, d’explorer les racines et les sens plus ou moins subtils, des Noms en question.
« Maurice Gloton fait partie de ces intellectuels musulmans qui, en transmettant l’œuvre de René Guénon ou celle d’Ibn Arabî, ont livré les premières vraies traductions de qualité sur l’ésotérisme islamique. Il a fait œuvre de pionnier », estime Slimane Rezki.
« Pour rendre hommage à celui qui a initié beaucoup de personnes à la spiritualité, j'aimerais voir une mosquée de l'agglomération lyonnaise porter le nom de ce grand frère », souhaite Azzedine Gaci.
Des quelque 30 ans d’amitié, Mansour, pour sa part, garde en souvenir « la douceur d’un père, la patience d’un guide et la grande humilité d’un maître ».